Madame, où courez-vous? ...

...
- Quels aveugles transports
- Vous font tenter sur vous de criminels efforts? *

(*) RACINE, Mithridate, Acte V, scène 1 Phoedime.


- Vous vous êtes reveillée avec le visage des perdants ce matin, n'est-ce pas ?
- ...
- Une histoire de bête, c'est ça ? Un orque blanc paraît-il ...
- ... Non, c'était comme comme ... un cafard oui, un cafard!
- Ah oui , je me suis trompé de fiche ... l'orque blanc ... c'était pas vous, excusez-moi.
- Y a pas de quoi.
- Vous avez donc déclaré, je cite 'Saint Antoine de Padoue ... c'est pas gagné aujourd'hui ...'
- Qui vous a dit ça ... ?!
- C'est marqué sur votre front.
- Ah ... à ce point ...
- Vous avez aussi déclaré, 'Je n'ai pas entendu le réveil ce matin ...'
- C'est normal je dormais pas. Il y avait la bête, et mes cauchemars qui prennaient toute la couette. Alors je me suis levée. Avant le réveil. Avec la tête des grands soirs.
- Et vous êtes partie directement aux Assedic ...

- Ah non! J'y suis allée que vers 9h30, le temps de reprendre vie. J'y suis arrivée vers 9h45, je me suis garée, j'ai vu du monde à l'intérieur, qui faisait la queue, aucune envie d'y aller, m'énerver un lundi matin je peux pas. Je prends mon courage et mes dossiers à deux mains. Enfin une, l'autre resta vide. LE dossier n'y était pas.

- ... Et à ce moment là précisement, à quoi pensez-vous ... ?

- ... A quoi je pense, que c'est moi en pire comme disent certaines, que ça doit être drôle de travailler là, on doit en voir de ces cas!

- Vous faites alors demi-tour avec l'idée de revenir c'est ça ?

- Oui, mais comme au temps du KGB et de la Perestroika, c'est là que tout ce complique ...

- Gorbatchev contrôlait aussi les Assedic ?!

- Mais non! Ce que je veux dire, c'est que finalement mon dossier n'était pas non plus là ou je pensais l'avoir oublié.

- Il contenait bien sûr des informations confidentielles et conpromettantes pour votre carrière n'est-ce pas ?

- C'est exactement ça.

- Vous décidez alors de procéder par téléphone, moyen plus discret ... Il est 10h43.

- Je n'avais pas le choix.

- Un homme au bout du fil vous questionne, il ne vous promet rien, mais fera tout son possible, vous confie-t-il, même si rien n'avancera avant demain. A ce moment précis, vous le croyez ?

- Je n'ai pas d'autre choix. Je raccroche en ayant dit merci. Merci patron Merci papa ... Y'en a marre ...

- Vous restez dans l'expectative. Il est 10h50. L'attente peut être longue. Vous lorgnez le seul coca qu'il vous reste. Qu'avez-vous fait ensuite ? Je dois recouper mes sources.

- ... Eh bien je suis allée manger du melon chez MaudMaud, ça allait beaucoup mieux après. Entre temps j'avais fait mettre le caillou bleu en lieux sûrs, mais ça c'est une autre histoire ... Et je suis partie à la recherche du dossier manquant. Et là sur la route Madame Assedic des Pays-de-la-loire-bonjour m'appelle ... je me prends le bas côté, freine répète trois fois vendredi 12h vendredi 12h vendredi 12h je dis merci, alors que le mot EXCEPTIONNELLEMENT résonne une fois, deux fois et part en étincelle sur le bithume avec mon mégot. J'avais enfin ce rendez-vous. Comment et pourquoi maintenant je m'en foutais. Je pouvais repartir en vacances l'esprit serein.

- ...???

- Oui ?!

- Mais alors vous n'êtes pour rien dans l'attentat de Sarajevo en 1914 ?

- Ah! Non vous devez faire une erreur ...

- Ah, excusez-moi, je me suis encore trompé de fiche ...